Darren Bryte

Darren Bryte est un auteur qu’il faut suivre absolument. Avec son premier roman Angry, il m’a complètement transporté dans son univers. D’ailleurs, l’ensemble des critiques que j’ai pu lire encensent le livre. Je lui trouve un style d’écriture vraiment addictif. Ça a vraiment été une lecture « coup de cœur ». Aujourd’hui, Darren Bryte me fait l’honneur de répondre à mes questions.

Bonjour Darren, je suis ravi que tu aies accepté de répondre à mes questions. Peux-tu te présenter en quelques mots pour les lecteurs qui ne te connaîtraient pas ?

Merci à toi de m’accorder une colonne dans ton blog ! Que dire pour me présenter ? Les mots ont beau couler de source lorsqu’il s’agit de présenter mes personnages, ils se font plus rares lorsqu’il s’agit de parler de moi. Certainement parce que mon existence est beaucoup plus banale que la leur. Alors je dirais que je suis vraiment « the guy next door » qui, un jour, a décidé de prendre la plume pour écrire son premier roman et qui est vraiment très heureux qu’Angry ait pu plaire comme il a plu.

Auteur n’est pas ton métier de base, comment est née cette envie d’écrire ?

Mon envie d’écrire est née lorsque j’ai compris, à l’adolescence, que les mots permettent de tout exprimer, du réel au virtuel, et qu’ils ont, selon la manière dont on les marie, une musicalité qui donne le ton. L’association des mots est un univers infini et magique qui m’a toujours fasciné et lorsque j’ai constaté ce que les romanciers étaient capables d’en faire, je me suis dit que moi aussi, un jour, je les associerai pour écrire une histoire (imaginaire) et non pas seulement pour exercer mon métier qui baigne également dans le verbe.

Tu es aussi chroniqueur littéraire, continues-tu entre deux séances d’écriture ?

Pas vraiment. D’abord parce que je n’ai pas le temps de mener plusieurs projets à la fois (j’écris lentement). Ensuite, parce que je ne suis plus très à l’aise à l’idée d’être à la fois« juge et partie », quand bien même l’une et l’autre de ces deux casquettes s’intéresseraient-elles à des choses différentes. Et puis, j’estimais déjà que chroniquer était un acte immensément prétentieux (qui suis-je pour me permettre de donner un avis sur les écrits de quelqu’un ?). Je le ressens davantage encore depuis que je suis passé de « l’autre côté ».

Angry est ton premier roman, peux-tu nous en parler ?

Cette histoire est née dans mon esprit il y a très longtemps ; en fait, depuis le jour où je me suis rendu compte que nous malmenions les animaux, en particulier, et la nature, en général (nous compris). Je me suis alors demandé pourquoi les animaux se laissaient faire, pourquoi ne se rebellaient-ils pas contre les oppresseurs que nous sommes. De là est née l’idée d’Angry et l’envie de jeter sur le papier une histoire dans laquelle ils ne se laisseraient plus faire, où ils inverseraient le cours des choses. Au-delà, il fallait que cette histoire se complexifie un peu et prenne vie à travers des lieux et des personnages qui ont pris forme et vie avec le temps.

Il m’a fallu une année pour l’écrire, en y consacrant mes soirées et mes weekends, et un trimestre pour trouver un éditeur qui la publie. En faire un diptyque était un pari risqué car peu d’éditeur accepte ce format de la part d’un auteur inconnu. D’un autre côté, tenter la publication d’un seul ouvrage de 1000 pages était encore plus difficile. Mais les choses se sont finalement bien goupillées.

Angry est un roman fantastique. Est-ce un genre que tu affectionnes particulièrement ? Quelles sont tes influences ?

Le fantastique est, dirais-je, le genre qui me parle et m’intéresse le plus. Non pas que les autres genres soient dénués d’intérêt pour moi (je lis du policier, du thriller, du sentiment, de la science-fiction, des essais en tout genre) mais le fantastique est le genre qui, par définition, permet d’échapper aux contingences du réel. Les perspectives sont infinies, même si beaucoup de thématiques ont déjà été explorées.

Mes influences sont multiples mais il y en a une qui tient le haut du pavé : Stephen King. C’est en lisant Salem, à l’âge de 12 ans, que j’ai voulu m’essayer au registre fantastique. Ne parlons même pas de Ça, qui m’avait subjugué, et de tous les autres romans de cet auteur (petite préférence pour ses premiers écrits, ceci étant).

La condition animale est au centre de l’histoire d’Angry. J’en déduis que c’est une cause à laquelle tu es sensible. Penses-tu pouvoir éveiller des consciences et ainsi sensibiliser?

Tu déduis bien. Elle l’est depuis toujours. Je n’arrive pas à comprendre le comportement que nous adoptons à l’égard des animaux (et, finalement, à l’égard de nous-mêmes). Il est proprement inhumain. Je ne dis pas que nous devons complètement nous abstenir d’en utiliser ou d’en consommer (après tout, un bon tiers des espèces animales se nourrit d’autres animaux et l’Homme, de par sa biologie et/ou son histoire, fait peut-être partie de ce tiers) mais je pense que notre intelligence, à défaut de notre sensibilité, devrait nous conduire à améliorer les conditions de vie – ou, plutôt à amoindrir les souffrances – de ceux que nous allons sacrifier pour répondre à nos besoins ou habitudes. Or, c’est précisément le contraire que nous faisons. Nous sacrifions ce qui pourrait faire de nous des êtres réellement supérieurs sur l’autel d’un dogmatisme économique ou culturel aberrant. A moins que la cruauté soit inscrite dans notre ADN… Quant à l’utilisation des animaux à des fins purement récréatives (seraient-elles honteusement justifiées par la tradition, l’histoire ou je ne sais quels autres prétextes fallacieux), tu imagines bien que je la condamne sans aucun tempérament. Si j’ai pu éveiller quelques consciences et sensibiliser, tant mieux.

Autre sujet central de ton roman : l’homosexualité. En effet, un de tes personnages principaux, Jayden, est homosexuel. N’avais-tu pas peur de perdre des lecteurs potentiels en raison de la sexualité de ton personnage et de l’histoire d’amour qu’il va vivre, même si nous sommes dans une société plus ouverte mais encore assez homophobe?

Soyons clairs : si la sexualité de l’un de mes personnages me prive de certains lecteurs, eh bien qu’ils ne me lisent pas. L’homosexualité existe depuis toujours et elle fait partie de notre société, qu’on le veuille ou non, qu’on la cache, la condamne ou l’accepte. Alors, pourquoi un roman ne pourrait-il pas contenir un personnage homosexuel ? Mais ta question, même si je sais que tu la poses sans tonalité particulière, prouve bien qu’il y a encore du chemin à parcourir pour que l’homosexualité soit considérée comme faisant partie de la normalité ou d’une hors-normalité non condamnable (pour éviter tout malentendu sur le choix des mots : la normalité est le plus grand nombre : les hétéros ; l’hors-normalité est le plus petit nombre : les homos ; l’anormalité est l’exception – sans jugement de valeurs dans les individus constituant ces trois ensembles). Personne ne m’aurait jamais posé une telle question au sujet d’un personnage psychotique ou meurtrier, pourtant constitutif de l’anormalité…

Angry, tome 2 : Renouveau est sorti l’été dernier et clôture ton diptyque. Pourquoi cette idée de diptyque plutôt qu’une série ?

La série obéit à des codes d’écritures différents. Elle délaye le fil rouge et s’intéresse davantage qu’un stand-alone ou un diptyque aux sujets périphériques (vie des personnages ; situations sans relations directes avec l’intrigue principale ; etc.). Ce n’est pas un genre qui m’attire pour l’instant. Et puis, il faut être très « balaise » pour tenir le lecteur en haleine sur le long terme et, surtout, avoir une histoire suffisamment  riche pour qu’elle dure (Angry, ce n’est pas Game of Thrones). Ce roman était un coup d’essai et je ne me voyais pas en faire une série. Je n’étais même pas sûr qu’il pourrait plaire en tant que diptyque.

Comment a été reçue cette suite auprès de tes lecteurs ?

Le tome 2 étant très différent du Tome 1 (je ne voulais surtout pas d’une redite), les avis sont partagés. En grande majorité, la suite a plu ; certains lecteurs (dont Tomabooks et Acaniel, blogueurs émérites) l’ont trouvé beaucoup plus riche, beaucoup plus fouillée. J’ai également changé mon curseur d’écriture, de même que les lieux dans lesquels se déroule l’intrigue. Le tome 1 est niché dans une petite bourgade de province. Le tome 2 fait un peu le tour du monde. L’impression que laissent les deux ouvrages, en termes d’ambiance, de confinement de la pensée et de réactions des personnages,  ne peut pas être la même. Mais c’était voulu.

Quels sont tes futurs projets ?

J’ai un projet en cours d’écriture mais je traîne car j’ai du mal à concilier vie professionnelle, vie personnelle et écriture ces derniers temps. Nous changerons de côte pour passer à l’ouest (San Francisco) où nous plongerons dans le côté obscur de la vieillesse et de la maladie d’Alzheimer. Evidemment, il s’agit toujours d’un ouvrage fantastique, mais plus sombre qu’Angry. Pour la suite, j’ai deux ou trois autres histoires fantastiques qui me trottent dans la tête. L’une fera la part belle aux arbres. Une autre revisitera le mythe du vampire (un incontournable) mais en Espagne, cette fois. J’aimerai aussi m’essayer à la littérature blanche.

Darren, merci d’avoir répondu à mes questions. Je te laisse carte blanche pour clôturer cet entretien.

Merci à toi ! Clôturer ? Ok, mais pour mieux revenir pour les prochains romans alors !

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